The National - Café de la Danse (15.04.19) X Olympia (16.04.19) - Terrible love

Matthieu Lebeau
4 min readApr 16, 2019
The National / Café de la Danse — 15 avril 2019

ACTE I. CAFE DE LA DANSE
Une salle minuscule, à la démesure inverse de leur talent. Un bouquet de chansons jamais jouées sur scène et, hormis deux d’entre elles, inédites. Une quinzaine de musiciens sur la scène étriquée du Café de la Danse. Et dehors, pas très loin, Notre-Dame qui s’embrase. La joie des retrouvailles, la découverte curieuse d’un son neuf comme le printemps, paré de trois voix féminines qui – ni «chœurs» ni faire-valoir – réinventent l’équilibre brut et complexe de The National. Et la tristesse d’une nouvelle nuit de calvaire pour Paris.

Pourtant l’ambiance est chaleureuse, amicale. Le groupe est là, comme à chacun de ses concerts, comme sur chacun de ses disques. The National aime autant son public que son public l’aime, The National aime autant jouer sa musique que son public aime l’écouter. Ce n’est pas si compliqué d’être le plus grand groupe du monde finalement. S’il y a une vraie surprise au Café de la Danse, elle ne vient pas tant du concert que du nouvel album. Un son choral, parfois expérimental, toujours organique et mesuré : Gail Ann Devers, Pauline de Lassus et Kate Stables ne sont pas les invitées de Matt Berninger. Ils tissent à quatre voix un cocon qui s’appelle I’m easy to find. Je ne m’attendais pas à ce que Matt partage ainsi la lumière et que le groupe s’ouvre corps et âme à d’autres pour proposer quelque chose de nouveau. Mais c’est moi qui avais tort, les fans sont souvent plus conservateurs que les artistes : The National a toujours été ouvert, depuis ses débuts avec le multi-instrumentiste australien Padma Newsome.

Je ne connaissais avant le concert que les deux titre déjà extraits du disque : You had your soul with you, qui ouvre le concert, et Light years qui le clôt.
La première m’enchante, je suis plus réservé sur la seconde. Les autres chansons sont toujours belles, pour l’une d’elle, construite presque complètement sur les trois voix féminines, étonnante et touchante ; j’ignore son titre, c’est peut-être Where is her head. Je ne sais pas non plus comment s’intitule un autre morceau, joué au milieu du set (Oblivions) au rythme entêtant, presque radioheadien.

La setlist du concert au Café de la Danse (d’après setlist.fm)

1. You Had Your Soul With You
2. Quiet Light
3. Oblivions
4. The Pull of You
5. Roman Holiday
6. Hey Rosey
7. I Am Easy to Find
8. Where Is Her Head
9. Hairpin Turns
10. Rylan
11. Light Years

ACTE II. OLYMPIA
Retrouvailles dès le lendemain :
deux concerts de The National en deux jours, ça m’était déjà arrivé en… décembre 2005. A l’époque on ne parlait pas de l’Olympia, mais de Guinguette pirate. Autre époque, autre ambiance.

Je ne parlerai pas du court métrage qui ouvre la soirée, ni de la séance de questions-réponses qui suit. Une blague prétentieuse et vaine qui plombe la salle. A skin, a night rebelote. Avance rapide : le concert. Les nouvelles chansons ne le sont plus tout à fait pour moi : je les ai entendues la veille, elles commencent à faire leur chemin. Il y a celles que j’attends (You had your soul with you, Oblivions, Where is her head qui est un titre formidable) et celles que j’apprends à apprécier (Rylan, qui n’est pas vraiment nouvelle, mais dont la version ré-arrangée est un des sommets du concert, Hey Rosie, I’m easy to find). J’aime vraiment les chansons du nouvel album, les risques que prend le groupe en réinventant le son The National autour de ces voix féminines. J’aime l’ambiance bienveillante qui flotte sur la scène surpeuplée et sa vingtaine de musiciens, dont aucun n’est un gadget. Sauf la danseuse dont je ne dirai rien que ce commentaire lu sur la page Facebook du groupe “Elle me ressemble, en mode retour de soirée, bourrée à 4 heures du matin et faisant la poule pour moi-même devant le miroir de ma chambre”.
J’aurais aimé un rappel plus long avec mes vieux titres préférés, mais je ne suis pas du tout en colère comme ces fans énervés qui râlent en sortant de la salle ou sur Internet le lendemain. Ce concert est une expérience originale et neuve. Il y aura un temps pour les tournées best of construites sur les vieilleries et la nostalgie. Pour le moment, The National a encore des choses neuves à nous dire.

La setlist du concert à l’Olympia (d’après setlist.fm)

1. You Had Your Soul With You
2. Quiet Light
3. Roman Holiday
4. Oblivions
5. The Pull of You
6. Hey Rosey
7. I Am Easy to Find
8. Where Is Her Head
9. So Far, So Fast
10. Hairpin Turns
11. Rylan
12. Light Years
---
13. Not in Kansas
14. Bloodbuzz Ohio
15. I Need My Girl
16. Guilty Party
17. Fake Empire

--

--

Matthieu Lebeau

Passionate about writing & storytelling, books, gaming, history, indie rock, books and Eastern Europe.